Sirius était un jeune homme qui avait des principes. Pour lui, se lever avant neuf heures du matin un week-end était un crime, et être réveillé à cette heure par une personne extérieure pouvait valoir à cette dernière un sort plus triste et plus affreux que la mort. Il pensait également qu'une seule semaine passée sans faire une blague à quelqu'un était une semaine perdue à rien faire. Il pouvait également dire à qui voulait l'entendre que les cours devaient être enseignés seulement sur quatre jours dans la semaine, trois les semaines pairs et n'être limités qu'à trois cours par jour, le reste du temps aurait dû rester libre pour tous les élèves. Il disait également souvent qu'une journée sans faire du quidditch n'était même pas une vraie journée et surtout pour lui, quand quelque chose n'allait rien, rien ne valait une bonne crise de rire autour d'une bonne blague entre amis. Oui, Sirius avait pas mal de principes et d'autres encore pouvaient s'y ajouter mais depuis quelques temps, il pensait essentiellement à la dernière. Du moins, il y pensait depuis la rentrée, parce qu'il n'avait pas vraiment eu la tête à penser à autre chose cet été, tout occupé qu'il était à traîner avec son meilleur ami, il aurait été difficile pour lui de penser à quoique ce soit d'autre qu'à s'amuser comme un fou tout en profitant de l'hospitalité des Potter et de l'excellente cuisine de Madame Potter. Un véritable régal pour le goût, bien différent des repas préparés par les elfes de maison au manoir des Black et voilà deux étés que Sirius en profitait. Mais il savait également qu'il avait passé son dernier été chez James puisqu'il était enfin majeur et qu'il allait pouvoir se trouver un appartement sur le chemin de traverse grâce à l'héritage que son oncle lui avait laissé et qu'il allait enfin pouvoir toucher maintenant qu'il était en âge de le faire. Complètement libéré de l'influence de ses parents et des traditions compliquées des Black, Sirius revivait depuis presque un an et demi. S'il avait toujours été un jeune homme vif qui ne montre jamais ce qui ne va pas, l'ambiance chez lui affectait parfois son humeur. Mais aujourd'hui, tout cela était bel et bien terminé et il se félicitait de pouvoir agir comme bon lui semblait. Le nez dans son assiette, assis à côté de ses amis à la table des gryffondor ce soir-là, Sirius participait activement à la conversation autour de lui quand il croisa le regard d'une personne qu'il connaissait bien. Hestia. La jeune femme était de la même année que les maraudeur mais dans la maison des poufsouffle et ce soir-là, elle semblait perdue dans ses pensées, si bien qu'elle regardait presque dans sa direction sans même remarquer le petit signe demain qu'il tenta de lui adresser. Prenant conscience qu'elle ne le voyait pas, Sirius arrêta de sourire comme un idiot et baissa la main en tentant de faire comme si de rien n'était sous les regards intrigués de ses amis. La conversation reprit son cours et Sirius reporta son attention sur la prochaine farce qu'ils allaient bientôt organiser, prenant soin de parler bas pour que personne ne les entende. Mais le jeune homme ne put s'empêcher un nouveau regard à la table des blaireaux pour retrouver l'air particulièrement morose d'Hestia. Depuis la mort de ses parents, la jeune femme n'était plus celle qu'il avait connu lorsqu'ils s'étaient rencontrés. Plongée dans ses études, elle ne le suivait plus lorsqu'il avait envie de faire une bêtise, elle ne répondait plus à ses défis à deux noises et riait rarement lorsqu'il la provoquait gentiment et tentait de la faire réagir par tous les moyens. Il se prenait, comme ce soir par exemple, un vent la plupart du temps mais cela ne l'empêchait pas de recommencer, parce qu'il n'en oubliait jamais son fondamental et dernier principe : quand quelque chose n'allait pas bien, rien ne valait une bonne crise de rire autour d'une bonne blague entre amis.

Et il avait bien l'intention de faire disparaître ce regard évasif et perdu de la jeune femme, il ne voulait pas qu'elle se plonge dans ses problèmes parce qu'il avait envie de la voir rire encore et encore et surtour, qu'elle recommence à le provoquer comme elle savait si bien le faire. Si Sirius adorait ses amis et qu'on le voyait rarement sans James, Remus ou Peter, il lui arrivait bien sûr de fréquenter la gente féminine de Poudlard et rares étaient celles qu'il ne cherchait pas à séduire de son sourire charmeur. Hestia était de celles-là, ils étaient trop semblables, ils jouaient ensemble mais rien ne dépassait l'amitié entre eux et cela faisait d'Hestia une des élèves qu'il estimait le plus parmi Poudlard, justement pour ses raisons. Il quitta donc la table des gryffondor en compagnie de ses amis et nota mentalement que la jeune poufsouffle prenait la direction de la bibliothèque, ce qu'il pourrait de toute façon vérifier un peu plus tard sur la carte du maraudeur, cette si belle et si ingénieuse invention. Et c'est exactement ce qu'il fait. Alors qu'il était assis sur le lit de James, entrain de consulter la carte. Ce dernier se préparait pour sa ronde et ils étaient déjà entrain de négocier combien cela coûterait à Sirius s'il arpentait les couloirs cette nuit sans prendre le risque de se faire attraper par James et Lily. Évidemment, son ami la tiendrait éloigné de lui et de son plan, mais cela, il fallait qu'il le négocie. Hestia était toujours à la bibliothèque, le couvre-feu n'était pas pour tout de suite mais Sirius avait bel et bien l'intention de le dépasser plus que de raison. Et il n'allait pas le faire tout seul. Laissant son meilleur ami se préparer pour sa petite ronde avec sa préfète en chef préférée, il passa et salua Remus et Peter dans la salle commun et se rendit à la bibliothèque, endroit qu'il ne fréquentait pour ainsi dire jamais. Les rares fois où on pouvait l'y voir étaient pour l'observer faire une farce ou draguer une studieuse étudiante de serdaigle. Mais ce soir, il était là pour Hestia qu'il repéra rapidement. Il s'avança vers sa table et attendit qu'elle lève les yeux pour lui lancer un sourire malicieux. « Viens avec moi. » Il n'avait besoin d'aucune explication, il voulait la sortir de là avant qu'elle ne soit atteinte de cette maladie très grave qui la laisserait paralysée à cette chaise pour toute l'année : la maladie du travail. Une maladie dont il se tenait éloigné autant que possible, parce que selon lui, cela empêchait les gens de s'amuser et il n'y avait qu'à voir Evans ou Hestia elle-même : le travail ne rendait guère heureux. Elle sembla hésiter, se frottant l'épaule lascivement comme pour refuser son invitation mais il ne bougea pas d'un millimètre, attendant sa réponse. « Je te suis. » Étrange, son corps disait pourtant tout l'inverse et son visage ne semblait pas comblé par ce que ses lèvres venaient de laisser s'échapper. « Comme au bon vieux temps. » Le sourire de Sirius s'étala plus encore et il lui prit la main, sans la moindre arrière pensée et lui fit franchir les portes de la bibliothèque. Il s'arrêta, l'air sérieux et prit une grande gorgée d'air, comme s'il avait retenu sa respiration tout le temps où il avait été dans la bibliothèque. « On respire mieux par ici, si tu veux mon avis, les odeurs de livres embrouillent l'esprit, ce n'est pas bon d'y rester trop longtemps, ça rend dingo ! » Et il appuya ses propos en la regardant avec insistance. Puis il ne tarda pas à se remettre en route, naviguant dans les couloirs, connaissant chaque recoin du château, il avançait en sachant parfaitement où il allait. Il tourna la tête vers Hestia pour lui lancer un regard de reproche. « Et ça fait trop longtemps que tu ne m'as pas suivi, il va falloir y remédier, je n'ai pas l'intention de te laisser remettre une si grande distance entre deux escapades. Et cela faisait à présent presque un an qu'elle avait tout refusé venant de lui, ce qui l'amenait à se demander pourquoi ce soir, il avait obtenu son accord sans rechigner ou sans la harceler pour qu'elle cède. Mais il n'était pas assez fou pour lui poser la question. Il s'arrêta brusquement au coin d'un couloir, juste avant de bifurquer et fit passer Hestia devant lui. Comme il la dépassait d'une tête, il voyait aisément par dessus elle et il la fit se pencher en avant, de manière à ce que seules leurs têtes dépassent du couloir. « Tu vois la salle de sortilèges ? Devines qui a cours à la première heure demain matin dans cette salle ? » La réponse était d'une simplicité enfantine évidement et quand on connaissait bien Sirius, on ne pouvait avoir aucun doute. C'est pourquoi il poursuivit. « J'ai eu la brillante idée de piéger la porte ! J'ai pensé à un truc qui ne les toucherait qu'une fois qu'ils sont tous à l'intérieur et j'ai pensé à d'affreux furoncles verts ou rouges, ou encore à des poils partout, ou tout un tas de trucs amusants mais il me fallait l'avis d'une autre experte évidement ! » Et il sourit largement avant de se reculer légèrement pour entraîner Hestia dans un autre couloir puis dans une salle de cours déserte à cette heure. « Mais comme il va falloir attendre le couvre-feu, on va avoir le temps de peaufiner les détails ! Et devines quoi ? A la même heure, on a un cours en commun à l'autre bout du couloir et devines qui sera aux premières loges pour contempler notre œuvre ? » Sirius était toujours aussi intenable, absolument impossible à tenir quand il s'agissait de faire une bêtise et il arpentait la pièce avec le plus grand sérieux, comme s'il établissait la stratégie la plus complexe du siècle !

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